La rencontre de ce grand photographe qu’était Albert Monier !

« Albert Monier sur la terre » jusqu’au 26 août 2022. (Tous les jours à partir de 16h, fermée les we et les 14 et 22 juillet )
Possibilité de coupler la visite de la casa dard d’art avec celle de la cité de l’abeille : http://www.lacitedelabeille.fr
Même si les photos sur l’Auvergne sont les plus nombreuses, vous verrez aussi des photos sur le Maroc et Paris ainsi que sur Henri Pourrat avec lequel Albert Monier entretenait une belle amitié.
Albert Monier est né à Savignat, dans le Cantal (1915-1998)
- C’est grâce aux cartes postales que lui envoyait un professeur, qu’Albert Monier découvre la photographie. Il habite alors la Normandie, il devient collectionneur, se passionne pour les cartes postales, se met à en acheter, des centaines, et grâce à elles il commencera à voyager. Il achètera son premier appareil photo, contre l’avis de son père qui s’inquiète que cela ne le distrait de son travail. Déçu de la qualité du développement de ses pellicules par les professionnels, il installera un petit labo dans son grenier. Il passera ses grandes vacances à Savignat, son pays d’origine où ses cousins plus âgés l’initieront au développement. Il sera surpris que dans ce petit village, à 1100m d’altitude, les gens fassent de la photo. Il pensera que c’est lié à la curiosité naturelle des auvergnats.
– Il s’intéressera d’abord à la photographie de paysage, les lacs, les montagnes, les contre-jours et petit à petit aux gens, mais surtout aux gens humbles, sans aucune envie de photographier les célébrités. Après la guerre, lui qui rêvait d’Amérique, partira finalement au Maroc, accompagné de sa femme et de sa fille. C’est là que l’aventure photographique commencera et qu’il apprendra dans le bled, la chasse aux images avec l’appareil le plus perfectionné du moment, un Voigtländer acheté avenue Georges V à Paris. Ils rentreront en 1950, sans le sou. Il se mettra à parcourir la Seine, à arpenter Paris de long en large et à photographier abondamment. Avec sa femme et sa fille, ils passeront 3 mois d’automne en Auvergne où ils tireront 100 000 cartes dans l’abreuvoir de la ferme de Savignat, où les dernières seront baignées et rincées au milieu des glaçons. « Mais Monsieur, vos cartes sont formidables » lui dira un jour un libraire parisien ! Six mois lui suffiront pour vendre les 100 000 premières cartes postales !
– Mais à Paris, les galeristes refuseront de l’exposer car « il n’était pas photographe, mais éditeur de cartes postales ». En utilisant un subterfuge et en remplaçant son nom par le nom de jeune fille de sa femme, il obtiendra pourtant un 1er prix ! Ces brimades venaient du milieu photographique qui avait organisé le silence autour de lui, voir une cabale. Mais loin des temples élitistes de la photo, il rencontrera le soutien d’un large public. Pour Albert Monier la photographie était un art qui peut et doit se multiplier, un art qui doit descendre dans la rue, un langage international, un genre d’espéranto. Un proverbe chinois dit qu’une image peut valoir un million de mots. Dès son plus jeune âge, il aura été touché par ce langage à travers les cartes postales d’Yvon. C’est Yvon qui aura fait naître en lui la poésie et la folie de la photo. Il vendra des millions de cartes postales. Certains qualifiaient Albert Monier de contestataire, de communiste de la photo. Lui même se disait l’anarchiste de la photo. Il pensait que la carte postale devrait être à la photographie ce que le disque est à la musique.